Instinct maternel ou non?

Ces derniers temps, après le ras de marée provoqué par E. Badinter et sa réflexion quant à l'avenir de la femme, un thème a été abordé entre autre, celui de l'instinct maternel.

J'avais envie de lancer une discussion sur ce thème bien souvent effleuré ou approfondi dans la vie d'une femme notamment autour de sa maternité.

J'aimerais savoir ce que ces termes "instinct maternel" représentent, provoquent chez vous comme réactions, souvenirs, colère et incompréhension même parfois...

Je vous laisse champ libre et viendrai également partager cette discussion et mon avis avec vous...

A vous!

Instinct maternel, la première chose que ça m'évoque, c'est un peu le côté animal protecteur: personne ne touche à mon petit, je le protège, je fais tout ce qu'il faut pour qu'il soit bien.

Une femme porte son bébé dans son ventre 9 mois, elle est déjà mère dès le début de l'aventure (contrairement au père qui le devient très souvent à la naissance de l'enfant). je pense que les connections qui s'établissent dans le ventre participent déjà à la mise en place de cet instinct.
Pour moi, celà se traduit par une relation fusionnelle entre la mère et l'enfant.

Je n'y vois rien de péjoratif, au contraire. Une mère a un sixième sens et sait si son enfant va bien ou pas. C'est un don en fait...
Je ne sais pas ce que vous en pensez.

Alors, vase sujet

Je rejoins Castorette sur l'idée du côté animal, de la protection.
Si je fais appel à mes souvenirs, je me rend compte que j'ai l'impression de l'avoir toujours eu mais même avant d'avoir des enfants. Comme petite où l'on protège son poupon ou son chat. Puis, pendant la conception. Je sentais que quelque chose ce passait en moi, j'essayais de devenir mère et déjà je savais que je voudrai protéger mon bébé et lui donner le meilleur. Une fois enceinte, on passe un nouveau cap. Et puis, la naissance, la rencontre, et pour moi le moment de vérité : oui je suis faite pour ça. Je suis faite pour enfanter, mais aussi pour donner de l'amour, pour protéger ...
Si bien, que je fais un bulle autour de nous. La fusion s'installe, mon mari cherche une place mais non je ne peux pas. Il faut me laisser le temps de savoir que mon bébé peut aller avec d'autres. J'ai fait la même chose pour les trois en me répétant qu'il fallait que je laisse la place à mon mari mais rien à faire cette bulle se créé d'elle même.

Ensuite, je ne sais pas, je m'interroge. J'essaie de trouver pourquoi ça ne serait pas instinctif. Acquis ou inné ??
J'aurais tendance à dire inné et en même temps pourrait il être acquis. Enfin, par là j'entends que notre façon de réagir ou bien d'élever nos enfants, ou encore de penser dépend souvent de notre vécu.
Dans ce cas, est ce qu on reproduit ce qu'on a vécu. Je me souviens très bien de cette mère protectrice, qui devinait tout, prête à tout pour moi (et pourtant avec une enfance des plus difficile due à l'abandon de sa propre mère). Est ce qu'on imite sans le savoir. Les animaux observent aussi, agissent ils donc comme ceci par instinct ou par observation.

Je réfléchis en même temps que j'écris et non franchement, je pense que c'est inné. par contre, je suis curieuse des avis des personnes qui pensent le contraire

C'est chouette de voir autant de ressentis que de personnes!

Pour ma part, j'ai longtemps cru que cet instinct maternel, qu'il soit protecteur, nourricier..etc était inné. Que toute femme le possédait et qu'il était anormal qu'une femme n'aime pas son enfant (si si j'ai pensé cela!).
Je me souviens à l'époque où ma soeur a eu son premier enfant, de ma joie pour elle, mais du véritable manque d'intérêt de ma part pour ce bébé (j'étais jeune adulte, je trouvais cela nouveau que de tenir un bébé dans ses bras mais franchement, c'était tout!). Autour de moi papillonnaient des filles qui rêvaient déjà à la maternité, toutes gaga devant un bébé... Ah zut, j'étais pas normale!...

Et puis le temps a fait son bonhomme de chemin...
Quand avec Marc nous avons attendu notre premier bébé, souhaité, aimé, attendu, tout devenait plus simple (alors qu'un an auparavant je ne me sentais toujours pas prête à être mère, aucun attrait pour les bébés!). Comme si la grossesse provoquait en moi des changements imperceptibles, des plus boulversant, dans tous les domaines, de la plus belle à la pire des émotions (je me souviens ne pas avoir été bien enceinte).

Et puis Il est né, est depuis mon instinct et mon Amour maternel ne cesse de croître...

Parallèlement à ce vécu, que dire des ressentis des parents qui adoptent, de ces femmes qui n'ont pas "porté" en leur sein, mais qui se sentent plus que jamais mère, pleine de cet instinct protecteur envers ce petit être?
Et ces femmes qui rament à contre courant, n'arrivent pas à écouter leur enfant, semblent vivre sans lien avec ce petit être qui vient d'elles, se sentent incomprises, extra-terrestres, qui subissent cette image sociale de mère instinctive?...

Oui c'est en effet un vaste sujet, mais dont j'avais envie de discuter avec vous toujours dans l'optique que chacun, chacune y trouve quelque chose...

Un dernier détail (qui n'en est pas un) qui me vient tout droit des trois jours d'IN-formation passés en présence de Michel ODENT :

Si un un accouchement est respecté dans sa physiologie, dans son approche simple, naturelle et instinctive justement, si la femme et le bébé sont respectés dans leur manière de vivre cette première rencontre, il se produit quelque chose de formidable qu'est cette production d'ocytocine, dite hormone de l'Amour, qui devient massive juste après l'accouchement à la délivrance du placenta il me semble. Plus la femme va connaître cette étape (avec plusieurs accouchements) plus elle va développer des récepteurs à cette hormone de l'Amour... En ce qui me concerne, ce que j'en comprends, c'est que cet instinct maternel que j'identifie donc à notre envie (je dis notre, je m'inclue en tant que mère) d'être "collée" à ce bébé, de l'aimer, de le sentir en prolongement, de le protéger...etc, pourrait trouver sa source dans ce cocktail hormonal libéré déjà durant la grossesse puis et surtout durant l'accouchement. Si cela est respecté et donc vécu et libérer par la femme, le reste s'en suit... S'il n'a pas eu le temps d'être libéré, s'il a été interrompu, dérangé, interviendraient alors dans la mise en place de cet instinct (qui n'est donc plus inné mais acquis) nos propres vécus, histoires personnelles, nos liens avec nos propres parents...etc. D'où la possibilité que des parents adoptifs, ayant recours aux mères porteuses, puissent être aussi maternant que d'autres...D'où tout simplement en ces temps où les accouchements ne sont plus tellement respectés dans leur physiologie en milieu hospitalier, ainsi que le premier lien mère-bébé, les femmes qui ont quand même pour certaines vécu de "bonnes relations" avec leur mère ou autre figure maternelle, arrivent tout de même à créer un lien très profond et puissant avec leur enfant...

Qu'en pensez vous?

Justement Amélie, j'y avais pensé aux mamans qui adoptent mais je l'avais zappé dans mon message. C'est pour ça que j'hésitais sur le acquis ou inné. Ne serait ce pas l'envie qui ferai se développer cet instinct. Par exemple, les mamans qui ont eu un déni de grossesse ont parfois du mal à ressentir cet instinct maternel.
Hier, en écrivant mon message j'avais noté quelque chose puis effacé car je pensais m'être égarée du sujet mais finalement tu reprends cette idée de vécu.
Ma maman a toujours été une super maman, attentive, avec un rôle de protection très développé, ... Je pense reproduire une partie de ce que j'ai vécu. Par contre, pour elle, elle a justement réagi de la manière dont elle aurait aimé que sa mère réagisse. Ma mère fut abandonnée par sa mère à l'âge de deux ans, passant de foyer en foyer, récupérée quelques fois par sa mère qui lui laissait de l'espoir, pour enfin terminer avec son père et sa belle mère (qui avait elle même eu des enfants de placés) ... bref une enfance très dure avec une mère non présente ou trop blessante. Dans son cas, c'est en opposition à son vécu qu'elle s'est tant attachée à cet instinct maternel (protection , défense).

En ce qui concerne l'accouchement respecté, j'ai souvent répété que je me suis sentie de plus en plus maman, au fur et à mesure de mes grossesses et accouchements. Est ce un hasard que mes accouchements étaient de moins en moins médicalisés jusque naturel ? Existe t il un lien entre le maternage proximal, l'instinct maternel et l'évolution de mes accouchements ?


Il est tard j'ai peur de ne plus être très claire.

Tu as raison, c'est réduire à bien peu que de ne parler que de celles et ceux qui ont eu de "bonnes relations maternantes", il y a aussi celles et ceux qui recherchent ce qu'ils n'ont pas eu, où ce dont ils avaient besoin.

Ton cheminement est très intéressant. Tes questions, se tiennent, s'enrichissent et continuent à te porter et te faire avancer.
Tout est intimement lié je pense, dans cette "sphère".
Le plus intéressant pour moi, est ce que chacun de nous en tire, et comment cela arrive à nous faire évoluer, et ainsi comment on en fait profiter la génération future...

Bonne suite de réflexion Céline!

Merci Amélie

"Un dernier détail (qui n'en est pas un) qui me vient tout droit des trois jours d'IN-formation passés en présence de Michel ODENT :
study
Si un un accouchement est respecté dans sa physiologie, dans son approche simple, naturelle et instinctive justement, si la femme et le bébé sont respectés dans leur manière de vivre cette première rencontre, il se produit quelque chose de formidable qu'est cette production d'ocytocine, dite hormone de l'Amour, qui devient massive juste après l'accouchement à la délivrance du placenta il me semble. Plus la femme va connaître cette étape (avec plusieurs accouchements) plus elle va développer des récepteurs à cette hormone de l'Amour... En ce qui me concerne, ce que j'en comprends, c'est que cet instinct maternel que j'identifie donc à notre envie (je dis notre, je m'inclue en tant que mère) d'être "collée" à ce bébé, de l'aimer, de le sentir en prolongement, de le protéger...etc, pourrait trouver sa source dans ce cocktail hormonal libéré déjà durant la grossesse puis et surtout durant l'accouchement. Si cela est respecté et donc vécu et libérer par la femme, le reste s'en suit... S'il n'a pas eu le temps d'être libéré, s'il a été interrompu, dérangé, interviendraient alors dans la mise en place de cet instinct (qui n'est donc plus inné mais acquis) nos propres vécus, histoires personnelles, nos liens avec nos propres parents...etc. D'où la possibilité que des parents adoptifs, ayant recours aux mères porteuses, puissent être aussi maternant que d'autres...D'où tout simplement en ces temps où les accouchements ne sont plus tellement respectés dans leur physiologie en milieu hospitalier, ainsi que le premier lien mère-bébé, les femmes qui ont quand même pour certaines vécu de "bonnes relations" avec leur mère ou autre figure maternelle, arrivent tout de même à créer un lien très profond et puissant avec leur enfant..."
Je te cite Amélie et répond que je suis bien d'accord.....pour ma part, les premiers moments que j'aurai pu avoir avec Faustine m'ont été volés, avec du coup ce sentiment d'avoir raté quelque chose avec ma fille......et cet instinct, cette relation a du se construire petit à petit......et je me demande toujours si je vais pouvoir rattraper ce temps perdu......